France
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Hellé-Nice vole la vedette à Chiron et pour cela, elle doit payer.
1929: Record de vitesse 197,708 km/h
1929: Vitesse moyenne de 194 km/h
1930: 3ᵉ GP Bugatti au Mans
Grand Prix
1929 Omega Six, Bugatti Type 35
1930 Bugatti Type 35
1932 Bugatti
1936 Alfa Roméo
Endurance
ici avec Nuvolari
1930 Bugatti Type 35
Rallyes
1930 Bugatti Type 35
1949
Reccords
1937 Matford V8
Hellé Nice a été oublié de l'histoire de la course automobile, elle fut la femme la plus rapide du monde dans les années 30, sur son caveau ne figure ni son nom ni son pseudonyme
Hellé-Nice : La Reine Oubliée de la Vitesse et Victime d'une Calomnie Injuste
Mariette Hélène Delangle, plus connue sous le pseudonyme de Hellé-Nice, était une figure absolument unique et flamboyante du sport automobile des années 1930. Danseuse, modèle, skieuse, alpiniste, et surtout pilote audacieuse et incroyablement rapide, elle fut la femme la plus rapide du monde, défiant les conventions et s'imposant dans un monde dominé par les hommes. Son histoire est celle d'une ascension fulgurante et d'une chute brutale, orchestrée par la jalousie et la calomnie.
Nom de naissance : Mariette Hélène Delangle
Pseudonyme : Hellé-Nice (un jeu de mots sur "Elle est Nice", sous-entendu "elle est belle", mais aussi détourné par ses détracteurs en "Hell on Ice" - "Enfer sur glace").
Nationalité : Française
Rôles principaux : Danseuse, Modèle, Pilote automobile (Grand Prix, Rallyes, Endurance, Records de vitesse)
Période d'activité au plus haut niveau : Principalement de 1929 au début des années 1940, avec un bref retour en 1949.
Points Clés et Temps Forts d'une Vie Hors Normes
Des Années Folles à la Piste : Une Ascension Inattendue
Née en 1900 dans une famille modeste de Beauce, Hélène monte à Paris avant ses 20 ans, attirée par les "années folles".
Elle y fait ses débuts comme danseuse de cabaret, parfois dénudée, au Casino de Paris et au Lido, une carrière aussi rapide que prometteuse. Elle noue des amitiés dans le milieu, notamment avec l'aviateur Henri de Courcelles et le pilote Marcel Mongin.
C'est par leur intermédiaire qu'elle découvre le monde de la course automobile. En 1920, lors d'un séjour à Brooklands, elle est fascinée par l'anneau de vitesse et les voitures de course, malgré l'interdiction faite aux femmes de concourir. Sa détermination, déjà prouvée par des exploits comme l'escalade du Mont Blanc, la pousse vers ce nouveau défi.
La Révélation de Montlhéry : De Danseuse à Pilote de Vitesse
Une blessure au genou à Megève en 1929 met fin à sa carrière de danseuse. Mais une nouvelle voie s'ouvre, liée à l'interconnexion entre le spectacle et le sport automobile. Les concours d'élégance sont en vogue, et Hélène y participe activement.
Hélène se blesse au genou en essayant de se protéger d’une avalanche alors qu’elle faisait du hors piste.
1929 - Le Grand Prix Féminin de Montlhéry : Le 2 juin 1929, elle participe au Grand Prix Féminin sur une Omega Six. Après une préparation physique intense et coachée par Marcel Mongin, elle remporte non seulement deux courses sur piste, mais aussi le concours d'élégance. Les journaux titrent sur la victoire de la "danseuse du Casino de Paris".
Rencontre avec Bugatti et Record de Vitesse : Cette victoire attire l'attention de Jean Bugatti. Il voit en Hellé le "show-girl" idéal pour représenter la marque. Ettore Bugatti, moins convaincu, finit par céder à l'insistance de son fils.
Le 6 décembre 1929, sur l'autodrome de Montlhéry, drivée par Divo, Hellé Nice établit un record du tour à 197,708 km/h sur une Bugatti Type 35.
Elle devient la femme la plus rapide du monde. Divo, pourtant avare de compliments, déclare : "Je n'ai jamais vu une femme conduire aussi bien." Hellé Nice devient, en une semaine, la femme la plus célèbre de France.
La Carrière Internationale : Grand Prix, Endurance, Rallyes
Devenue pilote officielle Bugatti, Hellé Nice embrasse une carrière internationale.
1930 - Elle participe aux 24 Heures du Mans (sur Bugatti Type 35), à divers Grands Prix (notamment le 3e GP Bugatti au Mans) et à des rallyes.
Elle signe un contrat aux États-Unis pour une série d'exhibitions moto sur piste en terre, mais le risque et le salaire peu attractif la poussent à arrêter l'expérience.
Après avoir adoré la Type 35, elle trouve la nouvelle Bugatti Type 59 trop lourde. Elle se tourne vers Alfa Romeo à partir de 1933, marquant un tournant dans sa carrière.
L'Accident Tragique de Rio (1936)
L'apogée de sa carrière est brutalement interrompue par un accident gravissime.
Le Grand Prix de Gavea (Rio de Janeiro), 7 juin 1936 :
Invitée au Brésil, où le président Vargas, admirateur de Mussolini, souhaite la rencontrer, Hellé Nice prend le départ.
Elle est 3ᵉ et même 2ᵉ au 5ᵉ tour. Des papiers obturant le radiateur de son alfa, elle stoppe aux stands pour remédier à la montée en température de son moteur.Elle repart remonte quatre places. Huit tours plus tard, elle est à seulement deux tours de l'arrivée, elle est de nouveau 3ᵉ et se rapproche de Teffé qui occupe le 2ᵉ place, la foule s'approche des voitures, une botte de paille est lancée sur la piste. Un policier s'approche pour la ramasser, Hellé ne voit rien et percute la botte de paille à 150 km/h la voiture entre dans la foule, Hellé est éjectée et projetée dans les spectateurs qui lui sauvent la vie.
Alors qu'elle est en pleine remontée, une série d'événements tragiques se produit.
Un ballon atterrit sur la piste, un commissaire tente de le dégager. Hellé, à environ 150 km/h, percute un obstacle (la botte de paille qui aurait pu être jetée par la foule) et perd le contrôle de son Alfa Romeo Monza. La voiture s'encastre dans la foule.
Le bilan est lourd : 6 morts et 34 blessés graves. Hellé Nice est éjectée de la voiture et projetée dans les spectateurs qui, involontairement, lui sauvent la vie. Elle passe trois mois dans le coma, sans espoir de survie. Elle revient en France métamorphosée.
Le Retour, les Records et la Seconde Guerre Mondiale
Malgré la gravité de l'accident, Hellé Nice fait un retour remarquable.
1937 - Invitée par Yacco, elle participe à une épreuve de 10 jours et établit 26 records sur une Matford V8.
En 1939, elle remporte sa dernière course à Comminges sur une petite Renault Juvaquatre. La Seconde Guerre Mondiale éclate.
La Calomnie de Louis Chiron et la Chute dans l'Oubli
C'est à la fin de la guerre que la vie de Hellé Nice bascule définitivement dans la tragédie de l'oubli.
L'Accusation de Louis Chiron (1949) :
Après une longue période de solitude à Mougins, elle tente un retour au Rallye de Monte-Carlo 1949. Lors d'une soirée préliminaire, Louis Chiron, figure adulée du sport automobile, l'interpelle publiquement avec une accusation infâme : "Un ancien agent de la Gestapo n'a rien à faire ici".
Louis Chiron. Il a sa cour, c’est un mondain, dorloté par la presse et les photographes, toujours entouré d’un essaim de jolies femmes.
Conséquences Dévastatrices : Abasourdie, Hellé Nice ne répond pas. Ce silence est interprété comme un aveu de culpabilité. En un instant, elle perd amis, sponsors et toute chance de reprendre sa carrière. Malgré de nombreuses recherches historiques, aucune preuve concrète d'une collaboration avec l'Allemagne nazie n'a jamais été trouvée.
La Jalousie de Chiron : L'acte de Chiron est souvent interprété comme une vengeance ou une jalousie. Hellé Nice avait jadis "volé la vedette" à Chiron et le courant n'avait jamais passé entre eux, Ettore Bugatti lui-même n'appréciait pas Hélène. La réussite et la notoriété d'une femme indépendante dans un milieu si masculin ont pu exacerber les tensions.
Louis Chiron, monégasque et prudent, passera la guerre en Suisse neutre, René Dreyfus en Amérique à l’invasion de la France par l’Allemagne, y restera à l’abri avant de rejoindre les Forces Alliées.
Ce qu’on sait et ce qui lui sera sévèrement reproché, c’est de faire l’acquisition de la Villa des Pins à Nice en 1943. La ville est à cette période aux mains des Allemands et de nombreuses arrestations et déportations de Juifs ont lieu. Les SS ont installés leur QG à l’hôtel Excelsior en Septembre 1943. On ne saura pas dire quels étaient les occupants précédents de la villa des Pins, et les pires allégations coururent sur l’acquisition de celle-ci. Quoi qu’il en soit, Hélène passa la fin de la guerre confortablement installée avec son compagnon.
La Fin dans l'Anonymat : Ruinée par un compagnon peu scrupuleux et une vie sans doute dispendieuse, Hélène Delangle (l'identité de Hellé Nice étant effacée) finit ses jours dans la misère et l'anonymat. Elle décède le 1er octobre 1984, sans que son nom ou son pseudonyme ne figure sur sa tombe.
A sa mort, ses trophées qu’elle avait conservés et ses photographies de jeune femme triomphante furent dispersés.


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