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Le drame qui a frappé Jules
Bianchi lors du Grand Prix du Japon 2014 rappelle le lourd tribut que sa famille
doit à sa passion du sport automobile. Car chez les Bianchi, on a la course
dans le sang.
Avant-guerre, déjà, Roberto
Bianchi (l'arrière-grand-père de Jules) officiait comme mécanicien chez Alfa
Romeo, notamment au sein de la Scuderia Ferrari qui alignait les voitures de
compétition de la marque au trèfle dans les années trente.
Originaire de la région
milanaise, Roberto émigra à Bruxelles en 1950 afin d'accompagner Johnny Claes,
le premier pilote belge engagé en F1 sur une Talbot-Lago T26 jaune.
Sur le podium du Grand Prix de
Monaco en 1968 : son meilleur résultat en F1.
Ses fils Lucien et Mauro
suivirent naturellement ses traces dans le garage familial, Lucien devenant
très vite copilote puis pilote au potentiel certain.
Malgré un manque de moyens
financiers, il bénéficiait d'un énorme capital sympathie dans la communauté
belge de la course et devint une référence dans les épreuves routières (trois
victoires consécutives entre 1957 et 1959 au Tour de France sur Ferrari 250 GT,
associé à Olivier Gendebien, et un quatrième succès historique sur GTO en 1964
avec Jojo Berger), puis sur les circuits.
Il disputa 17 Grands Prix de
Formule 1 entre 1960 et 1968, avec pour meilleur résultat une 3ème place au
Grand Prix de Monaco 1968 sur Cooper.
Vainqueur des 24 Heures du Mans
1968 avec Pedro Rodriguez sur la Ford GT40 alignée par John Wyer.
Mais c'est en endurance que
Lucien Bianchi a glané ses plus beaux succès, dont les 500 km du Nürburgring
1965 où il partageait le volant d'une Alpine avec son frère Mauro (voir photo
du podium au début de cet article). Il allait également être recruté par Ford
pour piloter les monstrueuses GT40 MkII et MkIV aux 24 Heures du Mans, épreuve
qu'il inscrira à son palmarès en 1968 sur une GT40 de John Wyer en compagnie de
Pedro Rodriguez.
Lucien fut très performant aux
Etats-Unis, victorieux aux 12 Heures de Sebring et aux 6 Heures de Watkins Glen
notamment, avant de tenter sa chance sans succès aux fameux 500 Miles
d'Indianapolis. Parallèlement, il continuait à courir en rallye, en remportant
le Marathon de la Route Liège-Rome-Liège en 1961 (associé à Georges Harris) et
en dominant Londres-Sydney en janvier 1969 (avec un certain Jean-Claude Ogier,
rien à voir avec Seb) sur les DS de l'équipe officielle Citroën.
Ce parcours éclectique allait
hélas s'interrompre brutalement au printemps 1969, lorsque Lucien Bianchi
perdit la vie à l'âge de 34 ans lors des essais préliminaires des 24 Heures du
Mans à bord du proto Alfa 33 Spider dont il assurait la mise au point.
La saison précédente, quand il
avait gagné les 24 Heures, son frère Mauro fut grièvement blessé dans
l'accident de son Alpine A220, longtemps prisonnier des flammes. C'en était
trop pour le clan Bianchi : réunis autour du cercueil de Lucien, les membres de
cette famille traumatisée firent le serment de ne plus prendre des risques dans
ce sport si dangereux.
Voilà pourquoi Philippe
Bianchi, fils de Mauro (né à Dieppe, où son père s'était installé pour
participer à l'aventure Alpine), ne toucha jamais à la course... si ce n'est
par le biais du karting, une discipline moins périlleuse dont il contribua à
l'essor dans le Sud-Est de la France en y dirigeant la piste de Brignoles. Et
c'est là, naturellement, que le petit Jules a découvert les joies du volant. Etant
donné l'évolution du sport automobile et face à un tel talent, Philippe
encouragea son fils à pratiquer la compétition, avec la bénédiction de Papy
Mauro, jusqu'à ce que ce destin maudit ne rattrape la famille Bianchi...
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