7 juil. 2024

DARNICHE ET LA PUB

 


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On ne vous apprendra rien que le marketing est prépondérant en sport automobile. Ce qui est valable en 2024 l'était déjà en 1981. Bernard Darniche, qui pilotait une BMW M1 aux 24 Heures du Mans, en est le parfait exemple. 

Cette année-là, ORECA assure le suivi technique de la BMW M1 partagée par Bernard Darniche, Philippe Alliot et Johnny Cecotto. C'est bien la M1 qui s'arrête la première à son stand dès le premier tour. A cause d'une panne ? Pas vraiment... La suite, c'est Hugues de Chaunac, patron du Groupe ORECA, qui l'explique.

« Les moyens étaient donc plus limités qu'avec Alpine, l'écurie était réduite et nous partagions tous les caravanes Trigano, dont le revendeur faisait sa recette de l'année à l'occasion des 24 Heures du Mans. C'était bien avant les motorhomes que nous connaissons aujourd'hui. Nous étions là avec une grande humilité, sans prétention, et sans autre ambition que de terminer la course.

« Compte tenu de la notoriété de Bernard Darniche, qui avaient déjà été champion de France et d'Europe des Rallyes, je me souviens que nous avions eu les honneurs de la TV sur la grille. J'avais trouvé Bernard très détendu. Je ne me doutais pas une seconde de ce qui allait se passer... Le départ est donné, le premier tour se passe sans encombre si j'ai bonne mémoire, puis Bernard rentre au stand avec la M1. Je suis très surpris et je me demande ce qu'il peut bien se passer sur la voiture alors qu'elle est réputée fiable. J'ai aussi un peu honte de voir que c'est notre auto qui est à la première à s'arrêter....

« Les mécanos se précipitent alors que je m'approche de Bernard, qui est toujours dans le cockpit, pour chercher à comprendre. Il me parle de façon à ce que je ne comprenne rien. Je lui demande de répéter et c'est alors qu'il m'attrape par le blouson. Il me glisse simplement : « Ne t'inquiète pas, je vais repartir. Regarde le nombre de caméras qu'il y a devant toi ! » J'ai compris tout de suite et j'ai fait signe aux mécanos que ça allait. C'était juste surréaliste.

« Je venais de comprendre que Bernard Darniche s'était arrêté volontairement car la première demi-heure de la course était diffusée en direct à la TV. En passant ainsi aux stands, il savait que nous aurions un gros coup de projecteur sur la voiture et les sponsors. Ce jour-là, Barnard a tout simplement réalisé un coup marketing incroyable. Et finalement, cela n'a pas eu de conséquence fâcheuse sur notre course. A l'époque, Le Mans ne se jouait pas sur un pit-stop d'une ou deux minutes. D'ailleurs nous avions terminé l'épreuve, remplissant notre objectif, à la 16e place. C'était la première fois qu'ORECA ralliait l'arrivée... après un départ que je n'oublierai jamais ! »

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