7 juil. 2024

935 + 908 + 917 = 936 !

 


935 + 908 + 917 = 936 !

Les Porsche 908 et 917 ont fait leur temps aux 24h du Mans quand Porsche décide de s’attaquer à la CanAm. Une belle aventure avec des autos spectaculaires… mais en Europe les « anciennes » continuent à courir avec des privés. Porsche aide évidemment les privés qui continuent à engager des 908 notamment, mais le constructeur a d’autres perspectives.

L’une d’elles c’est le moteur Turbo. Avec la règle des équivalences, Porsche développe un nouveau flat 6 de 2.142 cm³ chargé d’aller tailler des croupières aux autos qui font alors le bonheur des 24h du Mans et du Championnat du Monde des Voitures de Sport. Ce moteur est la base de la 936. Mais l’idée n’est pas encore de l’intégrer dans un proto. Il débute dans des autos de Groupe 4, les 934, et de Groupe 5, les 935 avec un ratio impressionnant pour l’époque : 225 ch par litre ! Au passage, c’est le premier moteur de course équipé d’un intercooler pour refroidir le turbo.

En 1975, Porsche s’implique plus auprès de ses clients équipés de 908. Des essais aérodynamiques sont réalisés notamment. À la fin de l’année, la marque annonce son retour dans le grand bain des 24h avec une auto construite pour le Groupe 6.

C’est donc la Porsche 936. On vous l’a dit, elle peut sembler faite de bric et de broc puisqu’elle reprend le moteur turbo des 934/935, le châssis tubulaire dérivé de la 908 et les trains roulants de la 917. Le tout est habillé d’une carrosserie en fibre de verre très inspirée des 917 CanAm (sans cheminée donc). 700 kg sur la balance, 540ch et près de 350 km/h en pointe, Porsche tient sa nouvelle arme !

1976, LA PORSCHE 936 ARRIVE SUR LA PISTE

C’est en avril que Porsche engage sa nouvelle auto pour la première fois. C’est presque à domicile aux 300 km du Nürburgring. L’auto est seconde sur la grille et arrache le meilleur tour mais Rolf Stommelen ne fait pas mieux que 5e.

La campagne italienne va se dérouler parfaitement puisque Ickx et Mass vont remporter les 4h de Monza puis les 500 km d’Imola. La machine est compétitive !

Les 24h du Mans 1976

Deux Porsche 936, via le Martini Racing, sont engagées aux 24h du Mans 1976. Ickx fait équipe avec Van Lennep sur la 20, Joest avec Barth sur la 18. La 20 a d’ailleurs la forme qu’on connaît mieux à la 936 avec l’apparition de la cheminée.

C’est Alpine qui constitue la principale menace et qui s’installe en pôle. La n°20 de Ickx et Van Lennep est seconde derrière une A442, l’autre auto est 5e.

Dès la première heure, les Porsche ont pris les devants. Elles vont en fait rouler en tête jusqu’à l’abandon de la n°18 au 218e tour sur un problème moteur.
La 20 va continuer vers la victoire et gagner avec 11 tours d’avance sur la Mirage GR8 !

Fin de saison victorieuse

Pour la fin de la saison, les deux carrosseries de la Porsche 936, avec et sans cheminée vont alterner. Une seule auto est engagée sur les dernières épreuves du championnat du monde.

Coppa Florio (Mass-Stommelen), 200 miles de Mosport (où la victoire revient à des Gr7, donc la Porsche de Ickx est victorieuse en championnat), 500 km de Dijon (Ickx-Mass) et 200 miles de Salzbourg (Ickx) représentent autant de victoires.
Porsche est logiquement championne du Monde des Voitures de Sport 1976.

1977 : UN SEUL OBJECTIF, LE MANS

La Porsche 936/77 se démarque par une voie avant réduite pour mieux pénétrer l’air, notamment dans les Hunaudières. La carrosserie est aussi revue et affinée dans ce but. Comme elle n’est pas prévue sur les circuits sinueux, elle peut se le permettre.

Les 24h du Mans ne comptent pas pour le championnat, jusqu’ici dominé par les Alfa Romeo. Deux autos sont engagées par Porsche, toujours sous les couleurs de Martini. Ickx fait équipe avec Pescarolo sur la n°3, Bath et Haywood sur la n°4.

Les Alpine A442 monopolisent la première ligne devant l’équipage franco-belge, la seconde auto est 7e sur la grille derrière les deux autres Alpine et une 935.

La course : vrai scénario de cinéma !

Dès la troisième heure de course, alors que les Porsche 936 sont 2e et 3e, des soucis de moteur sur la n°4 nécessitent le changement de la pompe à injection. Ce sont 9 tours qui sont perdus, la voiture repart 41e !
Les ennuis continuent ! En voulant suivre le rythme de l’Alpine, Pescarolo et Ickx ont trop tiré sur le moteur. Pesca rentre aux stands suivi d’une fumée bleue. La n°3 ne repartira pas.

À 20h, Ickx reprend le volant… de la n°4. Il est très en retard mais reprend 6 seconde à l’Alpine de tête dans chaque tour. Une heure plus tard il est 10e à 6 tours. Ensuite c’est au tour des Alpine de souffrir tandis que Ickx est déchaîné pendant la nuit. Il bat 5 fois le record du tour et se retrouve 2e à 7h du matin.
À 9h la n°4 a toujours sept tours de retard sur Jabouille et Bell mais trois d’avance sur Depailler et Lafitte.

La matinée est fatale aux Alpine. Les deux survivantes abandonnent et la n°4 est en tête, revenue de nulle-part ou presque.

Dans la dernière heure, Ickx a passé le volant. Non prévu sur l’auto il a conduit 12h ! Seulement Haywood rentre aux stands, un piston est crevé. La voiture a alors 19 tours d’avance. On va la faire rester au stand et elle devra boucler le dernier tour en moins de 14 minutes pour que son classement soit entériné. À 14h50 la Porsche repart, le cylindre endommagé étant coupé. Par contre Barth boucle le tour en 6 minutes et doit donc en accomplir un second. Il va y arriver… et la Porsche 936 remporte ses deuxièmes 24h du Mans. C’est aussi la première victoire d’un équipage de trois pilotes, ça fera école.

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