Charles James ou le courage d'entreprendre
"Lorsque je me suis lancé dans la construction de voitures de courses, à la fin de l’année 1975, je me moquais éperdument du sport automobile. Directeur d'une société de papiers peints
je n'avais qu'un objectif la publicité"
Le 3 octobre 1975, lors d'un premier entretient, le projet ne séduit par Charles James pourtant 8 jours plus tard l'idée fait son chemin, soit 7 mois avant les 24 heures du Mans 1976.
Le 1er rendez-vous au Mans avec Jean Rondeau, un des frères Beaumesnil, Vic Elford, là Charles James trouve une équipe sérieuse et sincère, mais sans intérêt pour Inaltéra, la voiture est trop petite, trop modeste, C'EST NON !
Cependant, Jean Rondeau profite de ce rendez-vous pour proposer de nouveaux plans, dans l'après-midi JR, Elford, et Beaumesnil ont reconstruit un dossier, ils ne restent que les plans à réaliser.
Mais pour Charles James C'EST NON !
Sans y croire, ils évoquent non pas une auto, mais 2. Oui 2 inaltéra, néanmoins Charles James n'est que le directeur d'Inaltéra et le groupe refusera (aucuns rapports entre les papiers peints et le sport auto).
Pourtant, le soir avant de se coucher, James se pose une question !
Et si l'on faisait ses bagnoles ?
Non pas en pausent des stickers sur les voitures, mais en créent l'événement Inaltéra devient constructeur, l'hypothèse est plausible.
Le lundi 13 octobre, Ch James a pris sa décision. Nous irons aux 24 heures du Mans avec 2 voitures.
James téléphone à Rondeau et confirme son intention d'aller plus loin, avec la création d'un département de construction de voitures de courses à l'intérieur d'Inaltéra, J Rondeau est le directeur technique, Vic Elford le directeur sportif et directeur de course.
Toutefois, James doit "vendre" son projet au directeur général de la société, il a le droit de décider du programme de "pub".
Le projet compte désormais 3 voitures (deux plus un mulet).
Elford part en Angleterre chez Cosworth, Hewland et chez Porsche en Allemagne, Porsche propose un moteur à 66 000 francs plus 10 000 pour une boite de vitesse et seulement 330 chevaux.
Cosworth propose son V8 de 400 chevaux, Vic commende 3 Cosworth, 4 boites soit 340 000 francs.
Vic prend contact avec des pétroliers pour économiser 80 000 francs de carburants, huiles… puis Michelin pour la fourniture et l'assistance… gratuite !
20 octobre Charles James annonce à ses employeurs "l'opération Inaltéra aux 24 heures du Mans".
Les délais sont si serrés que les mécanos logent dans l'atelier.
14 novembre. James est au siège du groupe Inaltéra à Bruxelles, les bilans des sociétés en Europe sont dans le rouge sauf en France. Charles James expose ses comptes et son engagement pour les 24 heures du Mans 1976.
"2 millions et demi pour une course de 24 heures, c'est ridicule, annuler !"
Trop tard, les budgets sont engagés…
15 novembre. Henri Pescarolo téléphone à Charles James (James lui avait laissé un message quelque temps avant) ils conviennent d'un rendez-vous.
Mais Henri à ce moment a une proposition de Porsche pour ses mêmes 24 heures
Le grand Henri souhaite courir une dernière saison en Grand-prix avec Surtees et John met à sa disposition une Formule 1 en échange d'un budget.
Les membres d'Inaltéra déjà bien occupé pensent eux à un équipage féminin pour piloter une des voitures "Christine" (alors l'amie de Elford) et Lella Lombardi (déjà engagé au Mans sur la Stratos Aseptogyl).
26 novembre. Rendez-vous déjeuné avec Pescarolo qui accepte de piloter l'Inaltéra à la condition que Ch James trouve le budget pour la Surtees F1, autre condition il souhaite voir les voitures avant de donner son accord définitif.
4 décembre. À Lyon James voie Mr Véron fondateur des miniatures Norev la société est concurrente de Majorette (l'autre frère de Véron). James sait qu'il y a une F1 en Europe et un grand pilote français qui attend pour la piloter. Il en dit quelques mots à Mr Véron de Norev.
12 décembre. La radio annonce.
"Guy Ligier a choisi Jacques Lafitte pour piloter la Ligier JS5"
Jean-Pierre Beltoise est écarté. Pour Charles James c'est une chance.
14 décembre, tous s'accélère, JP Beltoise donne son accord de principe pour piloter la voiture "bleue".
22 janvier 1976. Vic Elford se rend chez Cosworth et Hewland
11 février Le 1er moteur démarre, le 1er châssis est construit (en fait le mulet) et les 2 autres châssis sont en cours de conception
20 février, soit 134 jours après leur 1ʳᵉ rencontre, le mulet est terminé, pas encore roulant, mais fini.
9 mars Vic Elford réalise les 1ers essais de la voiture à l'abri des regards indiscrets.
20 mars Le mulet est en essai chez Michelin
1er avril De nouveaux essais est réalisés avec cette fois JP Beltoise, "Christine", Jean Rondeau, entre temps Jean-Pierre Jaussaud a été recruté.
Nouveaux essais pour la presse, des essais de vitesse…
30 avril Constitution des équipages pour 3 voitures.
Voiture N°1 JP Beltoise et H Pescarolo
Voiture N°2 JP Jaussaud, J Rondeau, "Christine"
Voiture N°3 "mulet"
Bilan : 1976
100% des voitures sont à l'arrivée et victoire de catégorie GTP
Bilan : 1977
100% des voitures sont à l'arrivée et victoire de catégorie GTP
Ses quelques lignes ne rendent pas comptes du travail titanesque de toutes ses personnes qui ont travaillé sur le projet.
Mais voilà, début septembre 1977, deux camions de la société Inaltéra viennent charger les voitures, les outils…
Les dirigeants de la société n'a jamais été intéressé (sauf bien entendue Ch James et les ouvriers). James avait décidé d'offrir les voitures et le matériel à Jean Rondeau
JR négocie le rachat des autos, mais en vain, les mécanos se retrouvent sans emplois, plus d'atelier, plus d'outillage, plus de voitures.
Jean réalise de nouveaux dessins, la Rondeau M378.
Quant aux Inaltéra, elles partent pour une somme dérisoire en Suisse.
La ville du Mans aide Rondeau et met à disposition un entrepôt, les mécanos sont devenus bénévoles, mais une voiture sera aux 24 heures 1978.
Bilan : 6e au scratch et victoire de catégorie GTP
Aujourd'hui les Inaltéra roulent en « Historique ».
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