19 févr. 2023

LAFITTE 1975

 

Jacques Lafitte


1975


Jacques, racontez-nous ?


« Magny Cours, c'est là que tout a commencé, il y a maintenant 7 ans (il a alors 25 ans).


À l'époque, je faisais du Droit ; Mon père est avocat et c'est lui qui m'avait poussé à en faire.


Ça m'arrangeait bien, je dois reconnaitre que je n'avais pas tellement envie de faire autre chose.


En quelque sorte ma capacité me permettait de "bouffer" c'était une justification vis-à-vis de mon père et de ses amis.


En fait de capacité de droit, j'ai dû suivre 10 cours en deux ans... Mais j'étais inscrit à la fac et quand on lui demandait : "Que fait ton fils ?" il pouvait répondre que je faisais mon droit, en lui-même il devait bien penser que j'étais un cancre ! J'étais peinard ».


La belle vie alors !


« La vie de bohème avec l'ami Jabouille quand il débute par le biais de la coupe Renault 8 Gordini en 1966, je lui rendais service et je m'occupais de sa voiture. 

Et puis ce fut la Formule 3, petit à petit, j'ai pris gout à la course automobile, je côtoyais les pilotes, je discutais avec eux... »


Alors pourquoi pas moi ?


« Depuis que je cours, on m'a toujours aidé... 

La première personne qui m'a aidé, c'est donc M Giraud s'il ne m'avait pas mis le pied à l'étrier, peut-être n'aurais-je jamais couru. »


Mr Giraud a offert à Jacques Lafitte les frais d'inscription à une école de pilotage.


« Ensuite, c'est Minou Royer un copain qui n'avait pas beaucoup d'argent, mais suffisamment pour s'offrir une Formule Renault. 

Si j'ai pu faire de la FR c'est grâce à lui. Il a dû disputer 3 courses et il m'a passé sa voiture pour le reste de la saison. Si des gens comme Hrubon


Jabouille m'ont aidé, c'est aussi parce que je leur avais rendu pas mal de services ».
Et Tico Martini ?


« Quand j'ai commencé à faire de la FR Tico Martini m'a également beaucoup aidé. À partir de 1970 et pendant deux saisons Tico m'a pratiquement pris en charge. 

Je disposais d'un local, j'avais un crédit de pièces et Jean Giardini me préparait mes moteurs quasiment "à l’œil", ensuite il y eu Marc Cerneau et BP.


Avec BP, c'était la première fois que l'on me donnait de l'argent pour courir. Et puis il y a eu aussi Jean-Pierre Paoli avec lequel nous avons fait équipe pendant plusieurs années. JP m'a aussi apporté beaucoup de choses, il m'a notamment appris à avoir confiance en moi... et à moins gueuler ».


Avec BP la vie était plus facile !


« Avec BP au début, c'était le Pérou... 

Je disposais d'une certaine somme d'argent avec laquelle je devais me débrouiller. En 1972, j'ai gagné 11 courses et j'ai pu payer ma saison ».


Et la Formule 2 ?


« Et oui, je n'ai pas été champion d'Europe (1974) j'avais pourtant les moyens de le devenir. 

Mais en fin de saison il y a eu quelques fausses notes sur le plan financier comme en matière d'organisation


En juillet au Mugello, on n'avait plus un rond et il s'en est fallu de peu pour qu'on arrête ».

Que pensez-vous du sport automobile en 1975 ?


« Dans tel ou tel domaine, il est toujours très difficile d'apprécier les véritables mérites d'un individu.


On ne sait en effet jamais très bien comment il est parvenu à ce que l'on a coutume d'appeler la réussite.

Dans la vie, il y a toujours des gens qui sont plus favorisés que d'autres et les résultats que l'on obtient ne dépendent pas toujours que de soi. Il est plus facile de débuter dans la vie avec des parents riches qu'avec des parents pauvres ».

« En faisant des études, on est plus instruit, généralement ça plait. 

Le milieu de la course, c'est un milieu un peu huppé, alors il faut être poli, gentil avec les sponsors et ne pas penser tien, je vais lui "tirer" 20 briques »

Et si c'était à refaire ?


« Si c'était à refaire, je suivrais la même voie, je n'ai qu'un seul regret, c'est de ne pas avoir débuté plus tôt, j'ai débuté à 26 ans, on me fait remarquer que j'ai 31 ans ».

Vos défauts ?


« Je gueule, je suis feignant, je n'attache pas assez d'importance aux petits détails.


Je peux me faire "entuber" de 200 miles balles, ça m'est égal et ça m'énerve aussi.
Je suis trop gentil, trop relaxe ».

Et la Formule 1 ?


« J'achèterai une F1 et trois moteurs Cosworth, je resterais à Magny Cours et je m'en occuperai moi-même avec Tico et de Chaunac, avec l'expérience acquise par les uns et les autres au cours de ces dernières années, je suis sûr que je pourrai rivaliser avec des écuries comme celles de Tyrrell ».

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