
Alliot, Capitaine Flamme
Jean-Pierre, ou devrais-je dire Capitaine Flamme ? Ce surnom, David Halliday et moi te l'avions donné lorsque nous étions sous tes ordres en GT.
Tous ceux qui ont croisé ta route partageront mon sentiment, et ma jalousie. Tu étais un homme entier, profondément attachant, qui a vécu sa passion intensément. Il faut du courage pour être soi-même, et tu n'en as jamais manqué. Tu étais libre, car tu ne donnais pas ton amitié à la légère. Elle se méritait, se construisait au fil de longues séances d'essais et de mises au point humaines.
Celui qui gagnait ta confiance découvrait un ami exceptionnel, d'une gentillesse et d'une attention rares.
Je me souviens de nos premières rencontres. Tu n'étais pas tendre, mais tes critiques étaient toujours justes et argumentées. Entre les lignes, je comprenais : "Tu es aussi crétin que tu vas vite... mais qu'est-ce que tu vas vite !" Au lieu de me braquer, cela me faisait sourire.
Un jour, sans mot dire, j'ai compris à quel point tu aimais ce "cancre" que j'étais. Ce fut l'un des plus beaux trophées de ma vie.
La scène se passait aux 24 Heures du Mans 1993. Après avoir placé notre Peugeot 905 en pole, je suis rentré aux stands, exigeant un train de pneus neufs, persuadé de battre le record de la piste... et j'ai pulvérisé la voiture.
Je redoutais ta réaction. Au lieu de m'accabler, tu as remobilisé l'équipe, concentré sur la course. Quelle leçon ! Nos caractères opposés avaient fini par s'attirer, au point de devenir inséparables.
Jean-Pierre, tu as fait de ta passion ton métier, et ta légende. Tu resteras le premier pilote français à gagner en F1 au volant d'une voiture française et avec un moteur turbo.
Au moment de te dire au revoir, j'ai une pensée pour tes fils, Pierre et Victor, dont tu étais si fier.
Adieu, mon ami. Je chérirai toujours la chance d'avoir été ton ami.
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