26 févr. 2025

Pescarolo et Sauber


Pescarolo et Sauber : Une Séparation Amère


Au Nürburgring, la Sauber d'Henri Pescarolo souffre d'un problème de freins. Malgré cela, il poursuit sa course pour éviter une pénalité liée à un arrêt. Après analyse, Mercedes, qui soutient l'équipe, décide de ne pas l'envoyer à Spa, huit jours plus tard.

Le retrait du sponsor Kouros, partenaire marketing d'Yves Saint Laurent, joue un rôle déterminant.

Les responsables de la marque de parfums n'ont pas apprécié la mauvaise publicité lors des 24 Heures du Mans, où le stand Sauber était vide alors que Pescarolo ramenait la voiture à l'arrivée.

Max Welti, directeur de l'équipe, profite de la situation pour marquer le coup. En septembre 1987, alors que l'enjeu est moindre, il remplace Pescarolo par Jean-Louis Schlesser. Fin septembre, la Sauber de Schlesser, victorieuse au Nürburgring, n'arbore plus les couleurs de Kouros.

À cette époque, l'implication de Mercedes chez Sauber est moins importante qu'elle ne le deviendra par la suite. Cette victoire à domicile incite les dirigeants de la marque à s'investir davantage en 1988, puis de manière significative à partir de 1989.

Henri Pescarolo est revenu sur l’abandon, qui n’en était pas un, de sa Kouros-Mercedes C9 61 lors des 24 Heures 1987

« C’est un petit peu pour moi l’esprit ”Dakar”. Avant de laisser une voiture en plan, je ne peux pas m’y résoudre tant que je n’ai pas essayé soit de la dépanner, soit de la ramener à un endroit où on puisse le faire.

La Kouros-Sauber avait un gros inconvénient, c’est qu’elle avait des transmissions un peu fragiles. Le moteur Mercedes avait un énorme couple, la voiture allait très bien, elle allait vite, elle était bien équilibrée aérodynamiquement, donc elle avait tout pour bien figurer pour Le Mans, mais on avait déjà eu des problèmes de transmission avant la course, notamment sur les cardans à l’arrière. 

Dans la coquille qui contenait la boîte de vitesses, il y avait un tripode qui s’insérait dedans. Théoriquement, tout était bien étudié, mais le couple était tel qu’entre la théorie et la réalité…

Le deuxième inconvénient, c’est qu’il n’y avait pas d’autobloquant sur cette Kouros, donc ça voulait dire que si la transmission cassait, c’était fini. Une voiture avec un autobloquant efficace, tu peux la ramener, mais sans, rien à faire… En sortant d’Arnage, à l’accélération, j’ai senti je venais de casser la transmission et, sur mon élan, comme c’était un peu après Arnage, j’ai pu aller jusque dans l’échappatoire avant de rentrer dans les virages Porsche. 

J’ai ouvert le capot, j’ai regardé ce qui se passait et un mécano de chez Sauber est arrivé en scooter. Il regarde la voiture en restant derrière les rails puisqu’il n’avait pas le droit de venir près de l'auto. Je lui explique et, pour lui, c’était évident, c’était un abandon puisque je ne pouvais pas ramener la voiture au stand

Il sort son téléphone, il appelle Peter Sauber : « abandon, transmission cassée » et il s’en va. Moi, j’étais là en train de tourner autour de la voiture. Je me suis dit que je n’allais pas rester là à rien faire, ni rentrer à pied, que je pouvais bricoler. Sur les Sauber, comme sur beaucoup de voitures à l’époque, il y avait une trousse à outils.

Je regarde un peu ce qu’il y avait dans la transmission, il y avait pas mal de dégâts, il n’y avait plus d’entraînement du côté de la roue. J’ai sorti tous les outils de la boîte pour voir ce qui pouvait convenir, pour être capable d’enfiler quelque chose dans la coque, pour essayer de resolidariser avec le tripode intérieur et de refaire. J’ai trouvé une clé à bougies, une clé à molette, un tas de trucs que j’ai essayé d’enfiler. Il y avait du rilsan, j’en ai mis pas mal pour consolider. J’ai essayé de démarrer et évidemment, j’ai tout explosé. 

J’ai recommencé avec autre chose, avec une clé à bougie, j’ai mis un maximum de rilsan. Ce n’était pas facile de démarrer, parce que je savais qu’il y avait un tel couple moteur que je devais démarrer avec un tout petit filet de gaz sous peine de tout exploser, d’autant plus que c’était en légère montée et que j’étais au fond de l’échappatoire. J’ai donc fait patiner l’embrayage au maximum, en donnant un tout petit filet de gaz et j’ai réussi à me remettre sur la piste. 

Ensuite, j’ai réussi en profitant de la descente à arriver jusqu’au stand. J’y vais directement . Et là, plus personne…Je ne comprends pas, j’ai même pensé que je m’étais trompé de stand. Peter Sauber, en déclarant l’abandon, avait, en bon suisse, fait ranger le stand et tout nettoyer, le camion était pratiquement fermé… 

Le speaker ayant annoncé que je rentrais au stand, la porte se rouvre, les mécanos rappliquent complètement affolés. Le problème, c’est que Sauber avait signé la feuille d’abandon. Marcel Martin était Directeur de Course et m'a dit : “ce que vous avez fait, c’est exceptionnel, je vous autorise à continuer, vous n’avez pas abandonné”, et il a déchiré la feuille… 

On est reparti, on a cassé un peu plus tard et cette fois on a vraiment abandonné, mais c’est tout de même une histoire amusante !”

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