Le coup des piquets ! Abordons maintenant le sujet des piquets… Avant l’époque des bacs à graviers, les dégagements au cœur des années 70 étaient constitués de rangées de grillages retenus par des piquets de bois.
Cela permettait de ralentir les voitures de manière à peu près efficaces. Mais dangereuse. La preuve en images ! « A Imola encore, mais sur une Alpine cette fois-ci, en 1976, je me sors dans un bac et je me prends un piquet en pleine tête. A partir de là, je ne fais que raconter ce que l’on m’a dit, je n’en ai aucun souvenir ! Je suis sorti seul de ma voiture, suis allé tout seul jusqu’à l’infirmerie, je ne sais même pas par ou je suis passé ! Je n’ai repris réellement conscience de ce qu’il se passait que trois heures plus tard.
J’ai un trou de trois heures dans ma vie. »
Madie ajoute : « Je t’avais rejoint à l’infirmerie et tu me disais sans cesse : “Mais qu’est ce que tu fais là ? Mais pourquoi tu es là ?” « Encore les piquets mais cette fois-ci au GP du Canada. Encore une fois, un peu optimiste avec une voiture qui marchait mal, je me sors et je tape à nouveau un piquet en pleine tête. Bon, je sors de la voiture, seul et là, je m’effondre. Tétraplégique ! Plus rien ne fonctionnait !
On me met sur une civière et on m’emmène à l’hôpital à Montréal. Les médecins venaient me voir et me disaient : “Bougez un pied ?”. Je me concentrais et faisait tout ce que je pouvais. Rien ! “Bougez votre main ?” Je faisais un effort colossal mais rien ne bougeait ! Sur le plan mental, c’était très dur… Je suis resté dans cet état pendant plus d’une journée ! Puis, c’est revenu progressivement.
« En 1984, bien qu’étant pilote professionnel et triple vainqueur au Mans, j’étais devenu pilote payant et pour disposer d’une bonne voiture, je devais amener un budget. Heureusement, j’avais le soutien du groupe Moët via James Guillepain. Madie l’a donc incité de m’aider. Or, à cette époque là, le groupe voulait lancer un vin mousseux ciblé grand public. James accepte et donc je contacte Reinhold Joest qui avait un budget presque complet avec NewMan mais pas tout à fait. Donc ça l’intéressait et on décide de faire un diner à Paris pour mettre au point l’accord. Et là, nous arrivons avec James, reçus comme des cheveux sur la soupe par le représentant de New Man ! C’est tout juste s’il ne nous a pas mis dehors avant qu’on se mette à table ! Il s’engueule avec Reinhold en lui disant : “Moi, je te donne assez d’argent, pourquoi veux-tu mettre un autre nom sur la voiture ? Je n’en veux pas !
” Bref, l’horreur … James Guillepain, qui pensait être accueilli correctement puisqu’il proposait un budget me fait signe de partir sur le champ. Mais je n’avais pas d’autre possibilité pour les 24 Heures donc je le calme un peu et nous avons essayé tous les deux d’arrondir un peu les angles et finalement, nous sommes parvenus à calmer un peu le jeu !
Pas la suite, avec l’équipe, ça s’est super bien passé ! Reinhold attendait beaucoup de moi et Klaus Ludwig car il visait clairement la gagne et pour cela, il comptait plus sur la notre que sur la seconde auto. Une fois les problèmes aplanis avec New Man, l’ambiance était vraiment très bonne. Mais ce qui est marrant, c’est que lorsque James Guillepain apprend que nous aurons le numéro 7 en course, il me dit : “on va gagner, c’est mon numéro fétiche !”. Il dit la même chose à tous ses invités au-dessus des stands : “On va gagner ! Avec le 7, on ne peut pas perdre…”
Or après le troisième tour, on était déjà aux stands à réparer la pompe à essence ! On perd deux tours, on repart au fond du peloton et tous ses invités se gaussent… Mais finalement, nous n’avons plus eu de gros problème, nous avons pu remonter et nous avons gagné ! » A 5 sur le podium !A propos de cette victoire de 1984, les journalistes ont rapporté que Reinhold avait proposé les services de Stefan Johansson après l’abandon de la n°8 à la mi-course, mais que les deux pilotes titulaires avaient décliné l’offre.
Henri avoue ne pas s’en souvenir mais ne s’en déclare pas surpris. « Quand tu as abattu tout le boulot à deux, c’est toujours difficile d’accepter qu’un autre vienne recueillir les lauriers. C’est pourtant ce qu’il m’est arrivé à Daytona en 1991 où nous n’avons quasiment roulé qu’à deux mais gagné à 5 !!!
Au départ, nous étions 4 pilotes désignés pour ma voiture : Hurley Haywood, Frank Jelinski qui roulait vraiment bien et John “Winter” qui de toute façon attendrait la dernière heure pour voir quelle voiture du team allait le mieux, en prendrait le volant 10 minutes pour gagner !
Hurley Haywood fait le premier relais. Il s’arrête, sort de l’auto : blocage du dos ! Il rentre à l’hôtel. “Winter” voit que la météo tourne, il rentre dans sa caravane et on ne le revoit plus ! On se fait donc toute la nuit à deux avec Jelinski. On attaque comme des bêtes et le matin, la deuxième voiture casse donc Reinhold Joest nous propose les services de Bob Wollek qui est désormais libre. On accepte avec plaisir parce qu’on commençait à en avoir plein les bras.
A moins de deux heures de la fin, Haywood voit que la voiture peut gagner, il revient et demande à faire un relais… “Winter”, voyant que la pluie a cessé, sort de sa caravane et demande à finir la course. Et voilà comment on s’est retrouvé à 5 sur le podium quand on avait quasiment tout fait à deux ! »
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