Steve O’Rourke n’a jamais été
sur le devant de la scène le manager des Pink Floyd et que quand on parle
d’automobile et du groupe, on pense à Nick Mason. Mais O’Rourke aussi a couru
au Mans.
Mason et O’Rourke passionnés de
sport mécaniques
Retour en 1966. Un groupe de
Cambridge change son nom. Tea Set devient The Pink Floyd Sound qui évolue vite
en Pink Floyd. Le groupe composé de Richard Wright (aux claviers), Nick Mason
(batteur) et Syd Barrett (guitare, chant et surtout composition) connaît un
premier succès en 1967 avec son premier album The Piper at the Gates of Dawn.
Sauf que Syd Barrett, consommateur de LSD est atteint de dépression, de délires
et qu’il est bientôt incapable de jouer sur scène, en studio ou même d’écrire.
Il est exclu par les autres membres du groupe. David Gilmour prend sa place.
Avec Barrett, Peter Jenner et
Andrew King, les producteurs des Pink Floyd s’en vont aussi. Arrive alors Steve
O’Rourke, comptable de son métier, qui reprend le flambeau et produira
désormais le groupe avec sa société nouvellement créée : EMKA Productions qui
est baptisée d’après le nom de sa première fille : Emma Kate.
Pendant les tournées on peut
imaginer sans problèmes qu’on discutait de musique, mais aussi de voitures. Du
moins entre Mason et O’Rourke, voire avec quelques participations de Gilmour à
l’occasion.
Pink Floyd a pris son envol
musical et nous voilà maintenant en 1978. Waters lance The Wall. Le projet
musical est complexe, mais la série de concerts encore pire ! Il faut la
préparer… et entre temps les amateurs de sport auto vont pouvoir approcher leurs
idoles musicales. Finies les discussions dans les loges, on passe aux choses
sérieuses. Le succès débloquant du budget, les deux passionnés entrent dans la
cour des grands.
En effet aux 24h du Mans 1979,
Mason est au volant d’une Lola T297 tandis que son manager est au volant d’une
512 BBLM. Ils finiront tous les deux, respectivement 18e et 12e.
Tous deux vont s’engager sur
bien des courses en 80, notamment au printemps, entre les dates de Los Angeles
et Londres (la logistique est tellement énorme que le groupe préfère jouer
plusieurs fois au même endroit). Aux 24h ils repartent sur les mêmes autos,
Mason termine 22e et O’Rourke juste derrière à la 23e place. Déjà, la voiture
est marquée du nom de EMKA.
EMKA, l’écurie de course
Pour l’année 1981, O’Rourke
lance sa propre écurie. Sans trop de surprise, elle s’appellera elle aussi EMKA
et engagera une BMW M1 et pas
uniquement aux 24h du Mans. Si la voiture abandonne à Monza, au Mans et à
Watkins Glen, elle est cependant 2e à Silverstone (avec Bell et Hobbs, excusez
du peu) et 3e à Brands Hatch (avec Bell et Craft).
Mason court moins de courses,
et n’est pas au départ du Mans. Par contre au Tourist Trophy et pour la
première fois retrouve le batteur de Pink Floyd et son producteur associés sur
la même voiture.
En 1982, Mason sera un pilote
EMKA. Les deux compères partageront le volant de la M1 à Silverstone pour une
16e place et au Mans pour une expérience qui se solde par un abandon sur une
défaillance moteur après 266 tours tout de même. S’ils avaient passé la ligne,
ils auraient été classés.
Ce revers relatif ne signe pas
du tout la fin de l’aventure. O’Rourke et EMKA préparent la suite… et un vrai
changement d’échelle.
EMKA le constructeur
En 1983 EMKA lance sa C83/1. Il
s’attaque avec cette auto directement à la catégorie reine, le Groupe C
« 1 ». C’est Len Bailey, un des ingénieurs châssis de la GT40, puis
pilier du JW Automotive qui dessine l’auto. Le châssis est un monocoque en alu, fabriqué par
Maurice Gomm. La carrosserie provient de chez Protoco, spécialiste de la fibre
de verre.
Pour le moteur, Bailey fournit
une version préparée du V8 Aston Martin de 5.3 litres de cylindrée.
L’alternateur, la pompe à eau et l’allumeur sont déplacés pour permettre un
effet de sol parfait sous l’auto. Cela n’empêche pas la mécanique de sortir 570
ch et de propulser la voiture jusque 350 km/h !
Tiff Needell et Jeff Allam
épauleront O’Rourke lors de la première sortie de la voiture. Ces1000km de
Silverstone, se soldent par un abandon.
La deuxième sortie c’est le
grand bain. Les 24h du Mans 1983. Cette fois ce sont Needell et Nick Faure qui
épauleront O’Rourke. Qualifiée 25e, la EMKA C83/1 Aston Martin rouge ne termine
que 17e, à 95 tours des vainqueurs ! Une belle
performance pour la deuxième sortie de la voiture.
Mason aussi de la partie, mais pas chez EMKA. Il court sur une Dome, mais ne
voit pas l’arrivée.
C’est la seconde mais également
la dernière sortie de l’auto pour l’année 83. Cette année-là, on fait profil
bas et on se concentre sur l’album « The Final Cut », en fait une
création de Roger Waters et pas vraiment une œuvre de Pink Floyd. On ne revoit
pas pour autant d’EMKA, ni de O’Rourke en piste en 84. Le nouveau règlement sur
la consommation fait que l’auto a besoin de grosses modifications, surtout son
moteur qui n’est pas une vraie pièces prévue pour la compétition.
1985 : place à la EMKA 84/1
On continue le travail pendant
cette absence des circuits. Le but est de revenir, plus fort, avec des
modifications importantes. Parmi les modifications apportées à l’auto : la fin
de l’effet de sol. On revoit par conséquent toute la carrosserie, notamment
avec un aileron plus haut pour plus d’appui et la suspension arrière. Le moteur
est adapté mais c’est toujours le V8 Aston.
Comme en 83, la saison 1985 de
la EMKA 84/1 (ne cherchez pas pour le nom de l’auto) commence à Silverstone
avec O’Rourke, Needell et Evans pour un abandon.
Aux 24h du Mans on recompose
l’équipage de 83. Cette fois l’équipe se qualifie 13e, derrière les Porsche et
Lancia, mais devant les Jaguar ! En course ce sera la même chose. L’équipage
boucle les 24h en 338 tours et termine 11e.
Malgré cette belle perfs, les
deux sorties suivantes se solderont par des abandons. Aux 24h du Mans 1986
l’auto est pré-engagée mais finalement elle ne se montera pas.
EMKA redeviendra une
« simple » écurie
O’Rourke fera ensuite une
grosse pause sur les événements internationaux. Mais on le reverra en piste. 93
et 95 seront des années avec peu d’engagements. En 96 il court sur une 911 GT2,
engagée sous son nom, et voit rarement l’arrivée (y compris au Mans). L’une
d’elles c’est aux 4h de Silverstone, avec Holmes… et Mason pour sa dernière
course internationale. En 1997 le nom de EMKA fait son retour mais sans
résultats significatifs.
En 1998 c’est une MC LAREN F1 GTR qu’engage l’équipe. Elle signe de très beaux résultats en British GT
mais surtout elle amène O’Rourke, Sugden et Oberlen à la 4e place des 24h du
Mans (elle est officiellement engagée par le Gulf Team Davidoff). La McLaren
sera encore au départ de nombreuses courses nationales en 99 mais la suite des
engagements de O’Rourke et EMKA se fera en Porsche Cup jusqu’en 2003.
C’est le décès de Steve
O’Rourke en 2003 qui va en fait signer la fin de l’aventure EMKA. Par contre,
ce sera l’occasion pour les musiciens du groupe de se reformer après des années
loin les uns des autres.